Parmi les cultures à mêmes de participer au développement de la bioéconomie et de l’économie circulaire en France, le miscanthus se révèle être une bio-ressource de choix.
Hybride stérile et non invasif, le Miscanthus x giganteus est une graminée rhizomateuse pérenne originaire d’Asie dont le potentiel de production de biomasse est important (« Colloque RMT Biomasse & France Miscanthus »).

Avec le lancement de travaux d’élaboration d’une stratégie bioéconomie en 2015, la France a réaffirmé sa volonté de soutenir quatre trajectoires développées ci-après et applicables au miscanthus.


Une production qui préserve voire restaure les milieux

Il est urgent d’orienter les systèmes de production vers plus de durabilité pour assurer la préservation et la restauration des milieux. Ceci implique d’apporter une attention particulière à la biodiversité, essentielle à la résilience des écosystèmes. A ce propos, le miscanthus présente divers avantages. En effet, la taille et la densité du couvert végétal assurent un habitat pour une faune diversifiée.
De plus, étant principalement récolté en sortie d’hiver (donc en dehors des périodes de nidification), il ne perturbe pas le cycle de vie des oiseaux.
Par ailleurs, cette culture assurant une couverture permanente du sol, elle constitue un moyen de lutte efficace contre l’érosion et les dégâts liés au ruissellement.
Son itinéraire technique ne nécessitant aucun traitement phytosanitaire suite aux deux premières années, le miscanthus peut participer à la préservation des ressources en eau sur les périmètres de Zones de Captage comme c’est déjà le cas dans certaines régions telles que l’Alsace; ou encore de Bande Ligno-Cellulosique le long des cours d’eau en Belgique.

Une bioéconomie ancrée dans le territoire

La filière miscanthus, avec une surface totale de plus de 5300 hectares en France, répond bien à cet impératif territorial : elle fait l’objet d’une valorisation locale, en lien avec l’économie en circuit court.
La récolte s’effectuant avec du matériel agricole conventionnel, elle ne demande pas d’investissement lourd en machines mais optimise au contraire l’équipement déjà acquis.
Principalement utilisé pour le moment en biocombustible, le miscanthus de substitue à l’énergie fossile et permet de réduire les émissions nettes de CO2.
Ainsi, il représente une solution de chauffage écologique pour les installations domestiques et collectives.
Les collectivités et les particuliers qui font le choix d’une chaudière dite poly-combustible (valorisant le miscanthus) sont de plus en plus nombreux; phénomène cohérent avec la volonté d’une indépendance énergétique.

Une économie circulaire valorisante

Le miscanthus est un véritable levier pour la valorisation optimale des déchets et la réduction des impacts environnementaux de nos schémas de production classiques. Les filières litière et paillage horticole se développent rapidement et constituent des débouchés prometteurs pour le miscanthus : elles s’inscrivent dans une démarche de circularité.

Pour animaux d’élevage ou de compagnie, les copeaux et granulés de miscanthus forment une litière performante.
En élevage avicole par exemple, le miscanthus permet à l’éleveur, qui plante sur son exploitation les hectares nécessaires, de s’auto-alimenter en litière. Il remplace la paille et possède un meilleur pouvoir d’absorption qu’elle (trois fois son propre poids), requérant ainsi de moindres volumes. Après utilisation, la litière est en moindre quantité, facilement compostable et constitue un produit de sortie au pH neutre. Elle peut également faire l’objet d’une revalorisation économique, en lombricompostage par exemple.

Utilisé en paillage horticole pour les espaces verts et fleuris, le miscanthus contribue à l’amélioration de la structure du sol. La biodiversité n’est pas impactée et il est 100% biodégradable et compostable après usage.

La transition vers une industrie biosourcée performante, innovante et durable

L’industrie se trouve confrontée au défi de trouver des solutions innovantes pour répondre à la pluralité des besoins d’une population croissante. Le logement est l’un de ces besoins pour lesquels l’offre d’alternatives durables est encore trop peu généralisable.
La filière miscanthus est à même de relever ce défi, comme l’illustre le programme de construction de 46 logements à Chanteloup-en-Brie (77). Il s’inscrit dans un projet plus large de complexes immobiliers sur 3 sites en Île-de-France, avec une branche concernant la valorisation du miscanthus.

  • Industrie biosourcée – Des groupes comme Alkern et Ciments Calcia se tournent vers les matériaux de construction biosourcés, avec un bloc porteur constitué à 60 % de miscanthus, qui a fait l’objet d’une présentation à la Foire de Châlons. On estime qu’un hectare de miscanthus permettrait la construction de trois maisons de 120 m² de façade. Cette initiative soutient une synergie compétitive entre producteurs et industriels.
  • Innovation – Le bloc porteur au cœur de ces projets de construction représente une innovation technique dans le secteur des matériaux biosourcés. En effet, ses propriétés de résistance, d’isolation thermique et phonique font du miscanthus un matériau performant comparé à ceux déjà présents dans la construction biosourcée (bois, chanvre, paille, …).
  • Durabilité – En plus de la séquestration de carbone intrinsèque au choix d’un végétal pour le bloc porteur, il s’agit aussi de réduire l’extraction de granulats naturels (générant érosion des littoraux et déstabilisation des écosystèmes marins pélagiques)

Le débouché bloc porteur n’est cependant pas le seul objet d’attention de la part des industriels. Le miscanthus peut en effet être micronisé, ce qui en a fait un candidat intéressant pour l’incorporation dans les bio-plastiques de l’industrie automobile. Ainsi, des pièces automobiles allégées et performantes, composées à 30% de fibres de miscanthus sont déjà sur le marché, remplaçant l’usage des fibres de verre.

En définitive, le miscanthus est une filière naissante qui connaît actuellement un développement rapide du fait des avantages écologiques, techniques et économiques que procure cette culture. Elle peut donc constituer un atout non négligeable pour la stratégie bioéconomie française.

Ce texte constitue la contribution de France Miscanthus envoyée à l’Atelier 3 des États Généraux de l’Alimentation.